L’idée m’est venue lors d’une promenade à vélo, en Frise, l’année dernière. Devant le ciel immense de ce pays aux horizons de bout du monde, j’ai ressenti la liberté que j’éprouvais à faire du vélo à un rythme lent, sans obsession de la performance sportive, le nez au vent, en me laissant porter par la beauté des paysages, par les couleurs et les parfums changeants, par la douceur de la nature de ce mois d’été.
De ce plaisir simple et profond est né le désir de partir, seul et à l’aventure. Je n’en ai pas pris conscience jusqu’à ce je m’entende l’annoncer, un peu à la manière d’une bravade, à certains proches. Au fond de moi, je n’y croyais pas encore. Je ne pensais pas avoir la détermination de le mener à bien sans toutefois chercher à me confronter aux appréhensions et aux peurs qui l’empêchaient. C’était là, en moi, comme un rêve dont la simple évocation suffisait à susciter une émotion. J’ai connu des rêves qui sont restés à cet état embryonnaire. L’idée était de partir vers le nord vers la Finlande, sans limite de temps, pour deux ou trois mois sans doute. J’ai consulté quelques sites et quelques cartes. Mais rien ne se concrétisait. Je pensais partir début mai. Des obligations professionnelles m’ont retenu, qu’en réalité, j’aurais sans doute pu arranger. Puis, ne décidant rien, d’autres impératifs se sont ajoutés et ma compagne, Anne, s’est inquiétée de nos vacances conjugales. Il n’en fallait plus beaucoup pour que ce projet soit rangé au rayon des rêves déclassés.
Puis sur l’invitation de mon frère à passer quelques jours près d’Avignon et devant l’enthousiasme d’Anne d’aller en Avignon, j’ai changé la destination. C’est moins glorieux mais plus accessible. La France est une terre connue. Puis un jour, par orgueil et amour propre surtout, un jour j’ai dressé l’itinéraire du trajet vers Avignon. Ce premier pas m’a permis de faire les autres, de réserver les premières nuits, de rassembler le matériel. Mais tout au long de ses préparatifs, des appréhensions restaient en moi. Allais-je tenir le coup physiquement ? Certes, j’avais trouvé du plaisir à faire du vélo un après midi en Frise mais sur plusieurs semaines le plaisir serait-il le même ? Et puis pourquoi seul ? N’allais-je pas m’ennuyer avec moi-même ?
Je n’ai pas osé aborder ces questions de front mais, avec une certaine sagesse dont je m’accorde aujourd’hui le crédit, j’ai décidé de créer des conditions pour me rassurer. J’ai donc prévu de courtes étapes et réservé des chambres pour les 7 premier jours. J’ai choisi de partir en vélo électrique et j’ai prudemment acquis une batterie de rechange.
Lors des premières étapes, je me suis dit qu’il fallait que je garde une trace de cette petite aventure du quotidien. J’ai donc ouvert ce blog relatant la route et les émotions. J’ai pris goût à l’écriture et j’ai donc poursuivi en racontant le voyage qui a suivi, avec Anne, ma compagne, dans le sud de la Baltique. Ces carnets de route, jour par jour, sont donc repris sur ce site.
Mais, aller à l’aventure, ce peut être aussi un état d’esprit et le plaisir de l’écriture ne requiert pas nécessairement le dépaysement. Ce blog se poursuivra donc au rythme des rencontres, des émotions et des découvertes;