Hier Anne avait un genou très douloureux. Je craignais le pire. Mais après onze heures d’un sommeil de plomb, tout semble rentré dans l’ordre. Ce sera une petite journée aujourd’hui : nous devons rallier Malmö à moins de 40 km pour prendre le train et gagner Copenhague où nous avons prévu de passer deux nuits dans un appartement Airbnb que nous avons réservé le matin même. Il y a du soleil, le petit déjeuner dans le jardin plein de fleurs nous met en appétit de route.
Nous commençons par un petit tour dans la très résidentielle station balnéaire de Skanör réputée pour son ensoleillement, son climat très doux à l’image du Sud Ouest suédois et une anse de rêve.

Nous poursuivons notre route vers Malmö et nous profitons de ce petit trajet sans difficulté, dans l’air doux de cette belle journée d’été. Les alouettes chantent et les fleurs sauvages nous font cortège. Nous entrons à Malmö par une suite de quartier sociaux qui, vu comme cela en passant, semblent verts, souriants, paisibles. Pas où peu de graffitis, de petits immeubles de deux ou trois étages entourés de verdure. De nombreux étrangers habitent Malmö qui héberge 170 nationalités parlant 150 langues. C’est la troisième ville de Suède avec un passé industriel aujourd’hui reconvertie dans le développement durable et la culture. La ville vit en symbiose avec Copenhague distante de 15 minutes en voiture par un pont-tunnel de 16 km mis en service en 2000. Malmö fait partie de la province Sud de la Suède, la Scanie. Cette province appartenait au Danemark jusqu’en 1658. Le Routard souligne qu’on sent fort cette présence encore aujourd’hui dans l’architecture et dans l’atmosphère. Pour les habitants de la Scanie, Copenhague est bien plus proche que Stockholm distante de près de 600 km. Effectivement, nous sentons en nous promenant une atmosphère de tolérance et de liberté qui rend la ville vivante, attachante et confortable.
Nous faisons un grand détour pour voir l’immeuble réalisé par Calatrava, un étonnant building tordu dénommé Turning Torso, constitué de 9 caissons de 5 étages tournant sur eux- mêmes, ce qui fait que le sommet est décalé de 90 degrés par rapport à la base. Calatrava s’est inspiré de la forme d’un buste sculpté.
Nous quittons Malmö et la Scanie avec un goût de trop peu. Le sud de la Suède a un charme discret et paisible. Nous aimerions y revenir. Mais quand connait-on vraiment une ville, un pays, une culture ? Le vélo nous rend plus proche de la nature certes, mais pour ressentir davantage, il faudrait prendre beaucoup plus de temps et rester sur place ce que nous ne pouvons pas faire. On reviendra ! Nous devons aussi reconnaître que nous avons été plus touché par notre parcours en Suède que par le trajet, plus austère, en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale dont nous n’avons d’ailleurs vu que la côte.
Pour rejoindre Copenhague, il faut donc prendre le train. C’est une expérience nouvelle que nos vélos et plus encore, ma remorque, rendent particulièrement intéressante. Je laisse Anne à la garde de nos impedimenta et je pars en mission d’investigation. Au bureau d’information, on me précise qu’il faut un billet par passager et un billet par vélo et qu’il faut monter dans un wagon spécial marqué VÉLO vers la fin du train. Le quai est en sous-sol et je n’envisage pas de prendre l’Escalator avec mon vélo et ma remorque. J’observe les gens et je suis une famille qui descend du train venant de Copenhague. Ouf ! Il y a un ascenseur. Nous voici bientôt sur le quai avec nos montures, remorque détachée ce sera plus facile. Arrive un long train. Carambola! Le wagon vélo est tout au bout du quai, si loin qu’il faut enfourcher le vélo pour y arriver. Nous nous y installons et je repars en arrière chercher la remorque avec une vague inquiétude que le train démarre avec Anne et les vélos mais sans moi. Par prudence, je rentre dans le premier wagon venu avec ma remorque en bousculant un peu les usagers. Mais le train ne démarre pas. Au bout d’un moment je me décide à repartir vers l’arriere en courant avec ma remorque, pour rejoindre Anne. Quand j’arrive au wagon, une préposée est en train de descendre mon vélo suivie par Anne : les derniers wagons ne vont pas à Copenhague… Sur ces entrefaites le train démarre et comme il en a toutes les quinze minutes, nous observons un peu les pratiques locales pour nous adapter. En fait, on peut monter dans tous les wagons identifiés par un sigle discret sur la porte d’entrée. Voyant notre perplexité et l’ampleur de nos bagages, un préposé nous recommande de prendre le train de 16h33 qui est un train long avec moins de monde. Ce que nous faisons pour descendre une demie heure plus tard en gare centrale à Copenhague. C’etait un jeu d’enfant mais il fallait connaître les habitudes.
À Copenhague, j’ai réservé un studio au sixième étage dans un quartier étudiant. Les communications écrites par internet sont toujours délicates: le correcteur automatique change les mots anglais avec un dictionnaire français. Ainsi quand je veux écrire « we are coming by bike from trellenborg », j’envoie en fait (parce que je ne suis pas attentif) : « we are Collins by Nike fromage Trelleborg ». Notre logeuse qui a reçu ce message ne m’a simplement (et prudemment ?) répondu « ok ».
De notre studio étudiant nous avons vue sur les toits. L’occupant est en vacances et c’est un de ses amis qui nous remet les clés. Il nous recommande la prudence avec nos vélos, le quartier semblant être assez mouvementé.
Je fais la causette avec une vieille dame au rez de chaussée qui se plaint de l’insécurité. Survient sa petite fille de trois ans qui me prend pour son grand père paternel qui est écossais. J’ai beau démentir soutenu par les dénégations de la grand mère maternelle mais la petite n’en démord pas. Plus tard la dame m’expliquera qu’elle a dû téléphoner au grand père en Écosse pour qu’il rassure la petit fille en larmes. Intérieurement, je me réjouis d’être encore capable à mon âge de susciter des attachements aussi forts.
Nous décidons sur la suggestion de notre hôte de remonter la remorque au sixième. Décidément, cette remorque sera jusqu’au bout ma croix d’expiation. Avec l’éducation que j’ai reçue, il me semble évidemment normal que je paie un tribut au bonheur de vivre heureux, aimant et aimé.
heureuse pour vous…
Attend la suite avec impatience…
Je mettais arrêter à puymeras…Marc m’ a prévenu que le roman si bien écrit continuait…
Merci de m’avoir mise parmi les lectrices…
Bonne route et bon vélo
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Merci Jacqueline ! La route continue après deux journées de repos à Copenhague.
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C est toujours aussi passionnant et les photos magnifiques. bonne route. Anne Moser
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