Nous passons ces deux jours à prendre du bon temps à Copenhague. A faire rien ou si peu: dormir parce que le corps garde la mémoire des efforts accumulés, lire une enquête de l’inspecteur Wallander (toutes ses enquêtes se passent à Ystat), faire de grand tours à vélo dans la ville, visiter la petite sirène (dont nous ne parviendrons pas à remonter le moral malgré d’insistantes exhortations, il va falloir reprendre l’histoire pour corriger cette fin misérabiliste), faire un petit tour à Christiana toujours aussi foutraque, déguster des smeurebreud et des harengs marinés, étudier la suite de notre périple, sans oublier l’activité indispensable de toute pause dans le voyage : la lessive.
Le voyage, c’est aussi l’occasion de remettre en question les rôles respectifs dans lesquels on se laisse glisser par habitude, besoin d’efficacité et routines. Par exemple, chacun fait sa lessive (sauf à Copenhague où Anne a insisté pour que je lui laisse ce plaisir). En voyage, c’est moi qui lit la carte, ouvre le chemin à vélo, fait les réservations de logement, rédigé le blog et répare le vélo,… ce que je ne fais jamais à la maison. Je dois à la vérité (et à la peur des représailles) de préciser cependant qu’à Copenhague les doigts de ma fée blonde et son intervention très décidée et ferme, ont permis de remettre en ordre la chaîne de mon vélo qui avait déraillé alors que de mon côté, fort de la compétence innée des hommes en mécanique, je suspectais un problème beaucoup plus complexe au dérailleur. Voilà, c’est écrit, toute honte bue, comme je l’avais promis. Et d’ailleurs, à l’avenir, je me propose de renoncer à cette prétention masculine absurde. Soyons souple, imaginons d’autres possibles.
Copenhague est la cité du vélo-roi. Il y a même une autoroute pour vélo de 18 Km et, sur les pistes cyclables, des bandes particulières pour tourner à gauche ou à droite. Plus de soixante pour-cent des habitants ne se déplacent qu’à vélo et les cyclistes sont tenus d’indiquer du bras tout changement de direction où toute intention de s’arrêter. On s’arrête aux feux rouges même s’il n’y a pas de circulation en sens contraire. Le danois est un cycliste civilisé. Personnellement, je pratique un vélo plus anarchiste et libertaire ce qui m’attire les foudres répétées de ma suiveuse qui peste de devoir s’arrêter brutalement ou de devoir tourner en dernière minute. Malheureusement, à vélo, avec le bruit du vent dans les oreille, je n’entends rien des propos, amènes ou non, du cycliste qui me suit.