Ce lundi, nous démarrons pour notre dernière étape. Nous devons rejoindre Wismar où nous avons laissé la voiture. Nous l’avons laissé sur un vaste parking public en plein air et je m’en suis voulu après coup, de ne pas même avoir laissé une indication avec mon numéro de téléphone sous le pare-brise. Sait-on jamais ? Si la place est réquisitionnée pour un événement (un cirque ?) ou un marché… Comme pour beaucoup de pensées et d’inquiétudes sur la route, je me suis entraîné à la laisser de côté. Il n’était rien que je puisse faire (sauf à faire demi-tour) et le lâcher prise était la seule manière de conserver la sérénité. Nous partons de bonne heure parce que pour tous ces trajets, en suivant le vélo route de la Baltique très sinueux, le calcul du kilométrage est très approximatif. Il faudra peut-être encore loger en cours de route.
Il fait gris ce matin. Le chemin nous conduit par de petits sentiers le long de la Baltique jusqu’à Travemünde. De très belles perspectives sur la Baltique.



Travemünde est un port d’embarquement pour des croisières vers plusieurs villes de la Baltique (vers la Finlande, les républiques baltes ou la suède). La ville est située à la frontière qui séparait les deux Allemagnes, à l’embouchure de la Trave, une large embouchure que l’on traverse aujourd’hui en ferry et qui permet d’atteindre Priwall, à l’époque située en Allemagne de l’Est.

La vielle ville a encore de belles maisons à colombages.
De l’autre côté de l’embouchure, c’est un autre monde. Pendant le régime communiste, une zone d’exclusion de 30 km de large avait été créée tout au long de la Baltique et du fleuve Trave. Elle était parcourue de fossés, de barbelés et de miradors avec des routes sur lesquelles patrouillaient des véhicules militaires (elles font aujourd’hui, d’agréables pistes cyclables !). Les bâtiments à proximité de la côte ont été détruits pour réduire toute possibilité pour les populations de fuir le régime. Il y eut des fuites cependant, ainsi une femme est parvenue à traverser la zone d’exclusion sans se faire repérer et a nagé ensuite pendant plusieurs heures avant d’être recueillie épuisée à proximité de de Travemünde. Le long du vélo-route, des panneaux racontent l’histoire : la situation d’avant guerre, illustrée par d’anciennes photos de bâtiments parfois très anciens, détruits par le régime communiste; les mesures prises par le régime communiste et les photos dans la zone d’exclusion; les aménagements accomplis depuis la chute du mur. A quelque chose malheur est bon : l’état allemand a créé sur ces zones d’exclusion dépourvues d’habitations de grande réserves de naturelles. Le chemin de Travemünde vers Wismar est donc une grande promenade dans la nature avec un relief assez accidenté de manière inattendue.
Chance ! Nous retrouvons la voiture à l’endroit où nous l’avions laissée et dans le même état (plus la poussière). Il est quinze heures notre périple prend fin après 1246 km. Nous rangeons les fontes et le matériel, nous démontons la remorque, installons le porte vélo et fixons les vélos. On se change et on peut enfin prendre le chemin du retour. Bruxelles n’est pas très loin : 7 heures de route. En chemin avant Hambourg l’autoroute est subitement complètement bloquée. Les voitures se rangent de part et d’autre pour laisser passer plusieurs véhicules d’urgence. Le bouchon dure près de deux heures: un semi-remorque s’est encastré sur la berme centrale et tout son chargement s’est renversé sur les trois bandes de circulation. Mais nous ne voyons pas le temps passer, et pour cause, nous dormons comme des bienheureux ! Nous atteindrons Bruxelles dans la nuit, sans autre incident heureusement.
Voilà ! Ce carnet de voyage ce termine ici. Je poursuivrai sans doute ce blog : j’ai pris goût à l’écriture et à l’aventure. J’ai d’autres projets pas nécessairement très audacieux, ni très lointains, peut-être même immobiles, mais aller me suffit.

