Mardi 2 juillet 2019
Bourg-de-péage, Chatuzange, Bésayes, Montélier, Chabeuil, Crest, La Repara-Auriples, Puy-saint-Martin, Cléon d’Andran (63 Km).
Je pars tard. Je n’ai aucune raison de me presser. La température a considérablement baissé. Je puis affronter les heures chaudes d’un été “normal”. Ma route longera toute la journée les massifs de la Chartreuse, du Vercors et du Diois. La barre rocheuse très nette à l’horizon, marque la frontière avec la Drôme des collines.

Mais le sud approche, cela se sent (l’ail retiré des champs laisse traîner un parfum caractéristique qui alterne avec celui des lavandes). Cela s’entend aussi à la crissement continu des grillons. Il y a quelque chose de joyeux et de léger dans l’air même si les coquelicots pâlissent sous l’effet du soleil puissant. Les jets d’eau arrosant les champs de maïs m’éclaboussent parfois d’une ondée bienfaisante. Il m’arrive de m’y attarder. Et voici un golf. Pas de doute, j’avance vers le pays des senteurs et du plaisir de vivre !
Parcours de Golf
Décidément, je n’avance plus et ce n’est plus possible. Il y a quelque chose qui doit me freiner. Je m’arrête pour regonfler mes pneus. Ils en avaient bien besoin. Quand je repars, j’ai l’impression d’avancer sur un coussin d’air. C’était donc cela !

Je traverse le joli petit village de Montélier agrémenté de plusieurs sculptures. Les platanes font leur apparition.
A la sortie de Chabeuil, sur un rond point, je croise un autre cycliste randonneur. Je m’arrête un peu plus loin et il me suit. Nous faisons connaissance et nous discutons près de trois quart d’heures.
La mairie de Chabeuil, pour peu on se croirait dans une ville flamande !

Dave a 72 ans. Il vient d’Édimbourg. Il a 72 ans et roule sur un vélo léger à jantes fines. Il a deux fontes et rien de plus avec une tente et un sac de couchage; pas de matériel de cuisine; il est parti de Beaune et doit rejoindre Orange. Il m’explique qu’il y a des bus réguliers qui partent de différents endroits en GB et qui peuvent prendre jusqu’à 40 vélos. Il descendent selon deux parcours vers le Sud de la France et parfois, l’Espagne. Il s’est mesuré au massif de la Charteuse et du Vercors mais il a déclaré forfait à cause des grosses chaleurs. Il ne parvenait plus qu’à faire une trentaine de km par jour. Du coup, il s’est rabattu sur la plaine et est forcé de faire des détours pour ne pas arriver trop tôt à Orange d’où il remonte vers la GB. Nous parlons de choses et d’autres et notamment de hanche. Il s’est cassé la hanche en chutant à vélo, Il m’explique qu’il lui arrive d’avoir des douleurs très vives quand il reçoit un choc et que c’est dû a un léger déplacement de la prothèse. Cela disparaît progressivement quand les choses se remettent en place. Voilà qui explique tout. Je l’interroge sur le Brexit évidemment. Il me dit “Well as I spoke the other day with another young chap” Je l’interromps et le remercie pour le “young chap”, il me répond, “no extra money needed”. Humour British. Je reprends la route et chemine vers Crest ou je m’arrête pour manger quelques fruits secs.
Au sortir de Crest, il me faut bien escalader une grosse colline qui est une avancée du massif du Diois. Au sommet, je suis récompensé par la vue sur la plaine.
Descente vers la chambre d’hôte à Charols. Un vent très violent me renverse presque.
Je dîne le soir dans un pizzeria où je fais la connaissance de Michel. Un vrai Ch’ti de Lens à l’accent marqué. Il a perdu sa femme il y a quatre ans et depuis la vie est un tunnel sans air. Il est venu dans le midi pour se rapprocher d’un de ses fils mais il ne supporte pas le mistral. Et puis, il n’y a rien ici. Dans le nord, il y a plus de vie. Il me parle de Bruxelles, de Bruges d’Ostende et des moules et frites. Il a 64 ans. Il est retraité de chez Ricard où il a été magasinier et chauffeur distributeur pendant 35 années. Il me dit “Monsieur Ricard me connaissait et m’appelait par mon prénom. Maintenant évidemment, c’est plus pareil”. Il a dû être opéré des deux hanches (décidément !) mais il ne marche quasiment plus. Il me donne l’impression de survivre plutôt que de vivre.
Sur le chemin du retour, ces instruments agricoles du passé, tirés par un cheval, d’une époque bien révolue. Les premiers lauriers en fleurs. L’air est doux et léger. Demain, je rends visite à madame de Sévigné en son château de Grignan. Puis, je vise Puyméras, où je retrouverai deux de mes frères et où la blonde dont je partage la vie, me rejoindra. Après ? Après on verra.
suis trop contente de lire ces lignes et de voir que tu as pu continuer.
Profite de l arrivée de …ta blonde…et prends soin de toi. Bisous Anne
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