Mardi 16 juillet : de Samtens à Sassnitz


Zirkow Hof, Teschenhagen, Sehlen, Putbus, Putbus Hafen, Vilmitz, Freetz, Muglitz, Groß Stresow, Preetz, Seedorf, Moritz-dorf, Middel-Hagen, Lobbe, Ostseebad Baabé Ostseebad Stellin, Ostseebad Binz, Prora, Neu Mukran (Sassnitz).

Nous nous réveillons de bonne heure. Nous hésitons sur le chemin à suivre qui a déjà fait l’objet de discussion la veille. Le vélo route 10 fait le tour complet de l’ile. Anne veut le suivre par le Sud, plus doux et balnéaire. Je préférerais le Nord, plus sauvage et sans doute plus âpre. C’est assez emblématique de nos personnalités. Nous alignons nos arguments. Les miens sont rationnels et factuels. Je dois bien constater que j’ai de mon côté, la raison, la logique et le bon sens. Anne a de son côté le reste et notamment le plaisir de vivre. Que peut la raison devant l’envie de joie et de légèreté ?

Avec mon sens du compromis (et en inscrivant cette concession au crédit de mon compte pour les choix futurs), nous partons vers le Sud, en passant par Putbus. Putbus a été fondée par Guillaume Malte 1er, prince de Putbus, en 1810. Il y a créé un crescent (place en arc de cercle) à l’image de celui de Bath en Angleterre. Il a placé au centre, un obélisque de grande hauteur revêtu d’inscriptions à sa gloire. Il manquait toutefois de vision : les inscriptions sont en allemand sans traduction et les touristes non-allemands en sont réduit à contempler ce monument vertical comme un symbole phallique prétentieux et démesuré. N’est pas pharaon qui veut. Aujourd’hui, des arbres ont été plantés ce qui annihile totalement l’effet de perspective.

Nous nous remettons route et passons par le port de Putbus où se trouve un établissement thermal (construit sur ordre du même Guillaume Malte) à l’allure d’un château anglais du 18ème, aujourd’hui transformé en hôtel de luxe. A l’époque, l’eau de mer était chauffée pour alimenter les bains. Les chemins que nous suivons sont très charmants, agrémentés de petits villages avec des maisons anciennes à colombages et des toits de chaume, même dans les constructions modernes. Nous retrouvons souvent la Baltique aux détours du chemin. Les plages les plus fréquentées (quoique désertes en ce matin gris) sont équipées de petits fauteils-abris revêtus d’un tissu ligné. On ne peut douter du sens du confort des allemands.

Le chemin nous conduit vers une presqu’ile (Monchgutt), à la pointe Est de Rugen. Pour y arriver nous devons traverser un bras de mer et, surprise !, il y a un passeur et sa barque qui charge personnes et vélos. Deux euros par personne et par bécane. Avec nous, nos fontes et notre remorque, il ne fera pas de bonnes affaires.

Et puis nous rencontrons sur notre chemin la charmante église de Middelhagen à la dévotion de sainte Catherine d’Alexandrie, avec son clocher recouvert de bois. A l’intérieur, l’autel est surmonté d’un superbe triptyque en bois sculpté racontant l’histoire de sainte Catherine tout cela raconté en allemand sans traduction anglaise. Il faut dire que depuis que nous remontons la côte allemande nous n’avons quasiment rencontré aucun touriste et certainement aucun touriste venant du sud.

Nous continuons notre périple en longeant la côte vers le port où devons nous embarquer vers la Suède. Nous pensions faire beaucoup plus mais au fil de la journée nous nous rendons compte que nous avons eu les yeux plus grands que nos mollets. On s’arrêtera donc dans les environs du port. Nous sommes un peu frustrés de n’avoir pas pu voir davantage Rugen, mais l’île est grande et nous avons vraiment envie de prendre un petit peu de temps dans le sud de la Suède où nous pensons pouvoir retrouver un peu de soleil.

Bien sûr, certains regretteront toute leur vie de ne pas avoir pu voir le nord de l’île. D’autres insistent pour qu’il soit acté que prendre la route par le sud était un bon plan puisque nous avons vu de très belles choses. Il sera fait droit à cette requête, mais du bout des lèvres, pour ne pas diminuer la valeur du crédit enregistré pour de futures négociations conjugales. On ajoutera perfidement qu’on ne peut évidemment pas savoir ce qu’on a raté dans le nord. Inversement, si la route n’avait pas répondu aux attentes, il va de soi qu’on ne se serait pas privé de commenter cette déception.

En attendant, la journée avance et nous devons faire de même. Et ce ne fut pas une partie de plaisir parce que le chemin traverse une grande forêt très accidentée, très caillouteuse et recouverte par endroit de plaques de béton percées de trous réguliers. Nous tenons nos guidons avec peines comme s’il s’agissait du manche d’un compresseur-dameur. C’est interminable mais nous retrouvons la civilisation à Ostseebad Sellin, puis nous suivons la plage jusqu’à Ostseebad Binz. Binz, avant la dernière guerre, passait pour être un rendez-vous de la communauté juive. C’était une très belle station balnéaire du début de XXème, avec des balcons et beaucoup d’éléments décoratifs en bois. Sous le régime communiste, la station est tombée en léthargie mais depuis la chute du mur, elle a fait l’objet d’une très importante rénovation. Nous y effectuons un petit tour notamment sur la digue très joliment aménagée mais, sans moules et sans crevettes, cela reste un peu moins bien que Le Zoute.

Nous continuons ensuite par Prora où se trouve un des projets les plus insensés du régime nazis : 4,5 km de bâtiments alignés le long de la plage, œuvre jamais achevée et qui devait (voir : http:// https://images.app.goo.gl/LeMEnHTTV9m8Bu9R8) constituer un gigantesque centre de vacances pour le peuple allemand. Il devait permettre d’accueillir 5 millions de personnes à la fois. Hormis deux ou trois bâtiments rénovés à grand frais (pour en faire principalement une auberge de jeunesse) le reste est à l’abandon et constitue un témoignage consternant de l’absurdité du régime fasciste.

Le soir nous dormons dans un hôtel installé dans un ancien bâtiment nazi ou est-allemand reconditionné, au calme. La réceptionniste est française et c’est la première fois que nous trouvons un interlocuteur francophone depuis notre arrivée en Germanie. Elle aussi nous prend en sympathie et décide de nous upgrader. Nous avons mis nos espoirs culinaires du soir dans un restaurant prétendument italien mais le chef devait manifestement en être encore resté aux rigueurs du régime communiste.

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