Puyméras

Puyméras du 3 au 9 juillet.

La douceur de vivre. Les petits déjeuner sur la terrasse, dans la fraîcheur du matin, la lumière chaude et rasante et les parfums exhalés par l’humidité de la fin de nuit. Les conversations qui s’étirent jusqu’à ce que le soleil qui s’élève, nous invite à bouger. Les dîners du soir, à la fin du jour, quand les lancinants grésillements des cigales laissent la place au silence bientôt occupé par les conversations des grenouilles qui nous rappellent la chanson de Steve WARING; quand le soleil jette un voile rouge rose orange sur les rares nuées à l’horizon, pour disparaître ensuite et laisser s’installer la nuit apaisante.

Les conversations tantôt légères, tantôt graves, en agréable compagnie : ma blonde arrivée hier en voiture toute fière d’avoir maîtrisé seule, en une seule étape, tous le défis de ce long trajet depuis Bruxelles ; mes frères, Marc et Emmanuel et leurs épouses, Marianne et Béatrice et plus tard, Michel, le frère de Marianne. Pour vivre, nous avons besoin d’air, d’eau et de liens avec nos semblables. Avoir une famille qui permet ces liens est une grande chance. Je mesure la mienne d’avoir une fratrie attentive et bienveillante. Tout au long de mon parcours sous la canicule, j’ai reçu de nombreux sms de mes frères préoccupés et s’inquiétant de me savoir toujours vivant.

Nous parlons de nous, de nos enfants et petits-enfants, de ceux que nous aimons ou que nous avons aimés et qui ne sont plus; nous écoutons Marc nous parler de son plaisir de lire Hérodote, Petrarque ou Boccace ; la magie d’internet nous met sur le chemin de chansons d’autrefois; un autre soir, c’est la poésie et singulièrement Rimbaud, dont nous prenons plaisir à réécouter certains poèmes après qu’un spectacle en Avignon nous ait réchauffé les oreilles et ravivé la mémoire. Rien d’extraordinaire, juste le plaisir d’être ensemble et de partager ce que nous aimons. Moments simples, où l’on peut se contenter d’exister. Alors oui, “aller me suffit”. N’est-ce pas la somme de ces moments que l’on nomme bonheur ?

Plaisirs des mets simples aussi, tomates anciennes, haricots, pêches, abricots, melons et le petit rosé qui réveille les papilles sans trop engourdir les neurones.

Plaisir des escapades dans les environs. Le vieux village de Puyméras.

Brantes et, sur les hauteurs de Puyméras, le projet un peu fou d’un nouveau facteur cheval local de reconstruire un château détruit sur ordre du bon roi Louis.

Merci, Marc et Marianne de cet accueil simple, généreux et fraternel.

Plaisir culturels, enfin. Nous fuguons deux jours au festival d’Avignon. Avignon à l’époque du festival, c’est pétillant et surprenant comme un carnaval désordonné. On y sent battre le pouls de la création théâtrale. Au hasard, des spectacles du festival off, nous croisons l’une ou l’autre petite perle, et… quelques cailloux maladroits. Je garderai en mémoire le très beau texte de Dostoievski “Le double” remarquablement mis en scène et interprété avec cette joyeuse innocence que requièrent les personnages de D.

Le théâtre, c’est la mise en scène de la vie. Marc le sait qui n’a pas aimé Le double. Le personnage vit un profond malaise et mon frère ne pouvait s’empêcher d’éprouver ce mal être, en empathie avec le personnage. Pour cette même raison, je déteste les films d’horreur.

Il faut songer à poursuivre les vacances, cette fois avec ma partenaire de vie. Comme j’ai beaucoup insisté pour continuer à bicyclette, Anne a fini par céder à défaut d’une contre-offre plus attrayante. Il était juste de lui laisser le choix du lieu. J’ai beaucoup plaidé pour la Baltique en évoquant également, sans insister, l’Aquitaine ou la Bretagne. Anne a beaucoup hésité n’ayant pas fondamentalement envie de vacances à vélo. Choisir est difficile surtout quand il faut choisir entre le vélo et la bicyclette. Elle n’a pas choisi et le chauffeur nous a conduit en Baltique. Ça tombe bien, j’en rêvais !

3 thoughts on “Puyméras

  1. Le “double”et pas le “doute” mais quel heureux lapsus calami … le malheureux anti-héros plongé dans le doute et incapable de choisir entre ce qu’il est et ce qu’il voudrait être. “Deviens ce que tu es” ! Belle formule d’un autre Frederich!

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